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Sur quoi fonder l’autorité des enseignants dans nos sociétés démocratiques ?

Conférence donnée dans le cadre de l’École d’été de Rosa Sensat, Université de Barcelone, juillet 2008

mercredi 10 décembre 2008, par Philippe MEIRIEU

"Il ne faut pas s’étonner de la crispation des enseignants sur ce qui leur paraît rester un « noyau dur » de leur pouvoir : la notation, les sanctions, les procédures d’orientation et d’exclusion. Quand l’autorité se dérobe, on se rabat sur un pouvoir qui permet de retrouver, sinon la légitimité ou le respect, du moins une forme de reconnaissance et, parfois simplement, un peu de tranquillité". Abordant la question des fondements de l’autorité des enseignants, Philippe Meirieu, commence par le tableau du "monde désenchanté" où l’autorité est remise en question.

"Un professionnel qui vit son autorité comme légitime, émanant d’un mandat clair et participant d’une mission explicite, peut reconsidérer sereinement les modalités de son activité. Un professionnel qui se voit réduit à exécuter des tâches sur des injonctions contradictoires et sans référent explicite, vit toute remise en question des modalités de son travail comme une agression insupportable". D’où les crispations corporatistes si fréquentes dans l’univers de l’Ecole.

Pour autant, pour Philippe Meirieu, l’École peut devenir école de démocratie et le maître fonder son autorité de façon légitime à condition de tenir compte de trois exigences : différer / comprendre / mettre en débat. "Différer d’abord, dans les deux sens du mot : surseoir au passage à l’acte et oser sa différence… Comprendre ensuite, au sens le plus fort du terme : accéder à l’intelligence des êtres et des choses, s’approprier et construire des connaissances qui rendent le monde saisissable, pouvoir penser pour ne pas vivre dans un pragmatisme aveugle. Comprendre pour tenir à distance, à la fois, la facilité du slogan et l’efficacité à court terme de la recette. .. Mettre en débat enfin, sans, pour autant, cultiver le conflit : mettre en débat pour articuler les savoirs stabilisés et les choix de valeurs, les connaissances objectives et les scénarios probables ; déplacer les points de vue, interroger les possibles, anticiper les objections ; dialoguer en permanence avec les autres et avec soi pour ne jamais s’enkyster dans le dogmatisme inévitable de la solitude. Mettre en débat pour tenir à distance, à la fois, la récusation immédiate et la sidération hypnotique".

Source : Le Café pédagogique, 2008/12/10

Voir en ligne : Le maître, serviteur public

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