L’éducation finlandaise revisitée
Près de trois ans après mon premier séjour, j’ai éprouvé le besoin de retourner en Finlande. Amené, après la publication de mon livre, à présenter le système éducatif finlandais devant des publics très divers, mais toujours curieux et avides de comprendre les raisons de sa réussite, j’avais parfois été surpris de l’abondance et de la précision des questions qui m’étaient posées. Pour pouvoir continuer d’y répondre sans risquer de ne plus être en phase avec des évolutions dont je ne pouvais mesurer à distance, malgré la permanence de mes contacts électroniques, ni l’ampleur, ni la rapidité, je me devais d’aller de nouveau sur place. Je choisis cette fois la capitale, Helsinki, parce qu’il me serait possible d’y rencontrer des responsables, non seulement de la municipalité, mais aussi du ministère et du conseil de l’éducation. Et puis, parce que je souhaitais observer, dans cette ville qui connaît la plus forte immigration du pays, les dispositifs mis en place pour l’intégration des élèves étrangers. Je pensais aussi que dans une métropole de plus de 500 000 habitants, il me serait plus facile de me rendre compte de la réalité de la mixité sociale à l’école. J’étais aussi désireux de voir fonctionner le grand lycée de la capitale, et, les oreilles sifflant encore du vacarme provoqué par la réforme avortée du lycée français, de confronter la copie à son modèle. Enfin, je dois dire qu’une autre question me taraudait que j’espérais bien pouvoir aborder avec mes interlocuteurs : comment cet Eldorado éducatif avait-il pu connaître, à un an d’intervalle, deux massacres terrifiants dans des établissements scolaires ? Fallait-il incriminer un système par ailleurs objet de toutes les louanges ? Ou bien ne voir dans ces deux événements funestes que les actes fous de deux déséquilibrés ayant nourri leurs fantasmes de violence d’un cocktail de sites web nazis et de heavy metal ?
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