Depuis le traité de Rome, l’intégration européenne est marquée par le déséquilibre institutionnel entre les politiques qui font le marché, et relèvent de l’échelon européen, et les politiques sociales et redistributives, qui le corrigent, mais demeurent pour l’essentiel de la compétence des Etats. Cet état des choses est dû à la fois au choix fait d’une unification par le marché et aux réticences des Etats nationaux et des peuples de voir l’Union s’immiscer dans ce champ. L’ensemble des dispositifs de protection sociale et d’emploi constitutifs de "l’Etat social" sont en effet profondément enracinés dans les frontières nationales. Celles-ci délimitent des "espaces de redistribution consentie", selon la formule de Pierre Rosanvallon. Historiquement, leur émergence a en effet éminemment contribué à la consolidation des Etats-nations et aux droits attachés à la citoyenneté.
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