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Nicolas Sarkozy écolo ? Par Thomas Legrand

France Inter, L’édito politique, mercredi 10 juin 2009

jeudi 11 juin 2009

Nicolas Sarkozy, en déplacement en Savoie hier, s’est montré plus écologiste que jamais. Est-ce sincère ? Non... enfin on ne peut pas être dans la tête des gens, mais ce serait une conversion express. De toute façon, peu importe, du moment qu’il agit, ce qui n’est pas encore sûr non plus puisque, pour l’instant, le Grenelle de l’environnement n’est pas traduit dans la loi. Il faudra d’ailleurs voir comment il le sera. La question de la sincérité en politique est secondaire. Il faut mieux un homme politique qui tient ses promesses par opportunisme qu’un homme politique qui ne les tient pas par conviction ou faiblesse. François Mitterrand -qui s’y connaissait en cynisme- disait qu’il ne se demandait jamais, devant un interlocuteur, si celui-ci était sincère. Il se demandait simplement s’il ferait ce qu’il dit ou non. Récemment, un proche du président justifiait l’éventualité d’une arrivée au gouvernement de Claude Allègre (qui ne croit pas au réchauffement de la planète et qui ne doit plus croire non plus à son entrée au gouvernement !) bref, ce proche du Président expliquait que le Nicolas Sarkozy estimait que le Grenelle de l’environnement était fait pour amuser la galerie. L’important c’est de ne pas toucher au nucléaire. Autant d’éoliennes et d’ours dans les Pyrénées que vous voulez, ça fera passer la sanctuarisation du nucléaire. Nicolas Sarkozy a la conviction que le nucléaire reste l’avenir de la France, qui en plus a de l’avance dans ce domaine. C’est un avis largement partagé à gauche. Il sait, en outre, que cette question empoisonnera pendant longtemps les relations entre le PS et les Verts. Alors est-il sincère ? Peu importe ! Mais il a la certitude qu’il faut occuper le terrain de l’écologie. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il est sacrément gonflé ! Dire, en s’indignant comme il l’a fait hier, que les gouvernements de gauche comme de droite n’avaient rien fait pour développer les énergies renouvelables, c’est à couper le souffle ! Nicolas Sarkozy a été ministre du budget, ministre de l’économie, et n’avait jamais manifesté (bien au contraire) le moindre intérêt pour les énergies renouvelables quand il était responsable du RPR et, plus tard, patron de l’UMP. Il aura fallu qu’il découvre les sondages flatteurs et menaçants de Nicolas Hulot pendant la campagne électorale pour que ce sujet ait droit de citer. A ce moment, Nicolas Sarkozy a découvert les vertus politiques de l’écologie. En a-t-il découvert les vertus tout court ? On en revient à notre question initiale ! Nathalie Kosciusco-Morizet et, avant elle, Serge Lepeltier au RPR, qui sont tous deux habités par l’idée de l’urgence écologique, se sont longtemps sentis solitaires et incompris dans leur parti. Pour Nicolas Sarkozy comme pour toute la droite et une bonne partie de la gauche, les écologistes étaient, il y a seulement 5 ou 10 ans, des illuminés nostalgiques de la lampe à huile.

Aujourd’hui, Jean-Louis Borloo revendique une part du succès des listes écologistes. Alors, c’est ce qui fait le charme de Nicolas Sarkozy et des sarkozystes, c’est, encore une fois, ce côté « plus c’est gros, plus ça passe ». Reprenons le raisonnement : les électeurs, contents du ministre de l’écologie, ont décidé de voter pour une liste d’opposition qui réclame que l’on fasse vraiment de l’écologie. Bien sûr, ça ne tient pas. Quand les électeurs sont contents d’une politique, ils votent pour le parti qui mène cette politique. Si Jean-Louis Borloo se réjouit du score des écologistes, ça veut dire qu’il est content du pédigrée des 14 élus verts qui partiront pour Strasbourg. Echantillon : Yannick Jado, ancien directeur de Greenpeace France, Pascal Canfin, l’un des patrons du journal "Alternatives Economiques", Eva Joly, qui dénonce la gouvernance, la FranceAfrique, ou Karima Delli, animatrice du collectif "Sauvons les riches". Des députés, par essence et avant tout antisarkozystes. Vu comme ça, pas certain que Jean-Louis Borloo ait vraiment à se vanter d’avoir participé au succès de tout ce beau monde. Ça s’appelle tout simplement de la récupération politique. C’est un grand classique... mais, au fait, si c’est de la récupération, c’est déjà un peu de l’écologique !

Voir en ligne : France Inter, L’édito politique, mercredi 10 juin 2009

1 Message

  • Nicolas Sarkozy écolo ? Par Thomas Legrand 24 juin 2009 00:36, par Pepe de Bienvenida

    "Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. "

    Dans son discours de Salamanque, le philosophe Unamuno défiait avec un admirable courage les troupes de Franco. Aujourd’hui, malgré les apparences de la démocratie, la raison et le droit sont aussi, dans bien des domaines, ce qui manque aux troupes de Sarkozy. Parce ce qu’il s’agit d’une usurpation plutôt que d’une récupération, et que toute la politique du gouvernement est basée sur ces jeux de miroirs dans lesquels chacun croit se reconnaître. La force brutale a compris les leçons de l’histoire, et aujourd’hui elle se pare des artifices du dialogue pour convaincre.

    Existe-t-il une alternative ?

    Ce n’est pas ce que laissent entrevoir la plupart des partis d’opposition, qui ont déserté l’arène des idées et se cherchent un modèle, justement dans ce même registre d’une communication effrénée, dépourvue d’idées et d’idéaux. Le sarkozisme a déteint sur la classe politique, parce que celle-ci cherche des solutions là où il n’y en a pas : dans nos anciens modes de raisonnement. Or la conjonction actuelle de crises globales, situation inédite, exige des solutions inédites, et nous ne ferons pas l’économie d’une remise à plat TOTALE du fonctionnement des systèmes macro- (que ce soit l’économie, le climat, le social...). C’est ce qu’ont fait bien des chercheurs dans tous les domaines, et ils tirent la sonnette d’alarme (à l’exception notable de "Pangloss" Allègre). Leur conclusion générale : ce qui est durable aujourd’hui, c’est surtout la fréquence et l’ampleur des soubresauts d’un système basé sur la croissance, et par là-même intenable. Essayez d’aspirer de l’eau à plus de dix mètres et vous comprendrez, bien avant d’avoir atteint la hauteur limite théorique. Pourtant les premiers mètres donnaient l’espoir d’alimenter le troisième étage de la Tour Eiffel !

    A qui profite la croissance

    Pas à mon père

    Pas à ma mère

    Nous pourrions chanter cela

    C’est un modèle global qu’il nous faut (re-)construire, avec le passé pour guide et non pour maître, retenir les leçons quand nous avons trébuché et quand nous avons su nous relever.

    Le score des écologistes ? Il y a de l’idée, en tout cas un souffle nouveau, ; mais une "victoire" ne fait pas un programme. Combien auront voté la larme à l’oeil après un documentaire qui venait à point nommé (programmation intentionnelle ou non, dans ces jeux du cirque la question est dérisoire), et combien, parmi les convaincus de la dernière heure, passeront des idées aux actes ? Combien soutiendront un programme global, écologique, social, éducatif, économique, s’ils s’accrochent comme des junkies à l’illusion actuelle qui les détruit ?

    il est à craindre que la radicalité du changement vers l’inévitable décroissance (quelle qu’en soit la forme, sûrement encore à inventer) rende celui-ci inacceptable à la grande majorité d’entre nous, tout comme notre esprit se refuse à la mort ; mais, alors que la mort est paraît-il programmée dans nos gènes, il nous est possible en tant que sociétés de faire un autre choix. En serons-nous capables ?

    En ayant le courage de nous servir de notre propre entendement, nous avons les moyens, sinon d’aller vers un monde meilleur, au moins de rétablir le droit et la raison.

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