Nicolas Sarkozy, en déplacement en Savoie hier, s’est montré plus écologiste que jamais. Est-ce sincère ? Non... enfin on ne peut pas être dans la tête des gens, mais ce serait une conversion express. De toute façon, peu importe, du moment qu’il agit, ce qui n’est pas encore sûr non plus puisque, pour l’instant, le Grenelle de l’environnement n’est pas traduit dans la loi. Il faudra d’ailleurs voir comment il le sera. La question de la sincérité en politique est secondaire. Il faut mieux un homme politique qui tient ses promesses par opportunisme qu’un homme politique qui ne les tient pas par conviction ou faiblesse. François Mitterrand -qui s’y connaissait en cynisme- disait qu’il ne se demandait jamais, devant un interlocuteur, si celui-ci était sincère. Il se demandait simplement s’il ferait ce qu’il dit ou non. Récemment, un proche du président justifiait l’éventualité d’une arrivée au gouvernement de Claude Allègre (qui ne croit pas au réchauffement de la planète et qui ne doit plus croire non plus à son entrée au gouvernement !) bref, ce proche du Président expliquait que le Nicolas Sarkozy estimait que le Grenelle de l’environnement était fait pour amuser la galerie. L’important c’est de ne pas toucher au nucléaire. Autant d’éoliennes et d’ours dans les Pyrénées que vous voulez, ça fera passer la sanctuarisation du nucléaire. Nicolas Sarkozy a la conviction que le nucléaire reste l’avenir de la France, qui en plus a de l’avance dans ce domaine. C’est un avis largement partagé à gauche. Il sait, en outre, que cette question empoisonnera pendant longtemps les relations entre le PS et les Verts. Alors est-il sincère ? Peu importe ! Mais il a la certitude qu’il faut occuper le terrain de l’écologie. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il est sacrément gonflé ! Dire, en s’indignant comme il l’a fait hier, que les gouvernements de gauche comme de droite n’avaient rien fait pour développer les énergies renouvelables, c’est à couper le souffle ! Nicolas Sarkozy a été ministre du budget, ministre de l’économie, et n’avait jamais manifesté (bien au contraire) le moindre intérêt pour les énergies renouvelables quand il était responsable du RPR et, plus tard, patron de l’UMP. Il aura fallu qu’il découvre les sondages flatteurs et menaçants de Nicolas Hulot pendant la campagne électorale pour que ce sujet ait droit de citer. A ce moment, Nicolas Sarkozy a découvert les vertus politiques de l’écologie. En a-t-il découvert les vertus tout court ? On en revient à notre question initiale ! Nathalie Kosciusco-Morizet et, avant elle, Serge Lepeltier au RPR, qui sont tous deux habités par l’idée de l’urgence écologique, se sont longtemps sentis solitaires et incompris dans leur parti. Pour Nicolas Sarkozy comme pour toute la droite et une bonne partie de la gauche, les écologistes étaient, il y a seulement 5 ou 10 ans, des illuminés nostalgiques de la lampe à huile.
Aujourd’hui, Jean-Louis Borloo revendique une part du succès des listes écologistes. Alors, c’est ce qui fait le charme de Nicolas Sarkozy et des sarkozystes, c’est, encore une fois, ce côté « plus c’est gros, plus ça passe ». Reprenons le raisonnement : les électeurs, contents du ministre de l’écologie, ont décidé de voter pour une liste d’opposition qui réclame que l’on fasse vraiment de l’écologie. Bien sûr, ça ne tient pas. Quand les électeurs sont contents d’une politique, ils votent pour le parti qui mène cette politique. Si Jean-Louis Borloo se réjouit du score des écologistes, ça veut dire qu’il est content du pédigrée des 14 élus verts qui partiront pour Strasbourg. Echantillon : Yannick Jado, ancien directeur de Greenpeace France, Pascal Canfin, l’un des patrons du journal "Alternatives Economiques", Eva Joly, qui dénonce la gouvernance, la FranceAfrique, ou Karima Delli, animatrice du collectif "Sauvons les riches". Des députés, par essence et avant tout antisarkozystes. Vu comme ça, pas certain que Jean-Louis Borloo ait vraiment à se vanter d’avoir participé au succès de tout ce beau monde. Ça s’appelle tout simplement de la récupération politique. C’est un grand classique... mais, au fait, si c’est de la récupération, c’est déjà un peu de l’écologique !