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Satanisme et dérivés

lundi 20 février 2006, par Antoine MICHELOT

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 Polémique sur l’importance du satanisme en France

LE MONDE | 17.03.08 | 16h07

Le satanisme inquiète la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), récemment mise sur la sellette par le ministère de l’intérieur et la directrice de cabinet du président de la République, Emmanuelle Mignon, pour ses méthodes de travail.

Dans un document de travail préparatoire au rapport annuel de la Mission, qui doit être remis au premier ministre début avril, les auteurs font état de "chiffres inquiétants", évaluant à "25 000 personnes, dont 80 % se situent dans la tranche d’âge des moins de 21 ans, le nombre d’adeptes de la mouvance satanique, toutes branches et chapelles confondues".

La Miviludes reconnaît qu’il est "délicat d’identifier le nombre de groupes structurés" et se base, pour ses conclusions, sur les rapports des renseignements généraux et des recherches sur les sites Internet. Soulignant que "les dérives sataniques inquiètent le grand public", la Mission relève aussi que 92 cas de profanations de cimetières "à caractère satanique" ont été enregistrés en 2007, soit "une augmentation de 300 % sur les trois dernières années". L’an dernier, des vagues de profanations ont touché la Bretagne, la Marne et le centre-ville de Toulouse.

Ces pratiques s’accompagnent, selon la Miviludes, d’une "augmentation des suicides chez les jeunes", "de conduites déviantes (scarifications), d’incitation à la haine raciale, de commission d’actes de barbarie, notamment à l’égard d’animaux".

En avril 2006, le président de la Miviludes, Jean-Michel Roulet, assurait, dans un entretien au magazine L’Express, que "5 % des suicides recensés annuellement chez les jeunes de moins de 25 ans, soit une centaine, sont liés au satanisme". Huit mois plus tard, le rapport 2006 de la Miviludes ne relevait pourtant aucun suicide connecté à cette mouvance. Le pré-rapport rappelle qu’un seul homicide lié au satanisme a été recensé, à ce jour, en France.

Que valent alors ces accents alarmistes autour de "croyance" ou de "pratiques", dont les fondements - Satan, le Diable ou Lucifer - sont fortement inscrits dans l’imaginaire populaire ? Pour Olivier Bobineau, membre du groupe Sociétés, religions, laïcités du CNRS, un temps associé aux travaux de la Miviludes, les chiffres avancés par la Mission sont "absurdes". "Le satanisme est un non-problème et ne représente aucun danger", assure le chercheur, qui vient de diriger un ouvrage collectif Le Satanisme, quel danger pour la société ?, à paraître le 19 mars chez Pygmalion.

"Pour parvenir au chiffre de 25 000 adeptes, la Miviludes semble confondre les amateurs de musique black metal ou gothic et les satanistes. Or qu’est-ce qu’un fidèle sataniste ? C’est quelqu’un qui connaît la doctrine satanique - qui, contrairement à ce que l’on croit, ne valorise par le Diable ou Satan mais l’égocentrisme libertaire, la défiance, la rébellion face à Dieu -, quelqu’un qui pratique un culte mettant en scène symboles, gestes et paroles, qui appartient à un groupe organisé, y compris sur Internet, et qui se déclare sataniste, note M. Bobineau. En France, ces quatre critères sont remplis par une centaine de personnes, parmi lesquelles seule une dizaine sont affiliées à des organisations internationales telles que l’Eglise de Satan ou le Temple de Set."

M. Bobineau conteste aussi le lien établi par le prérapport de la Miviludes entre les profanations de cimetières ou d’églises et le culte satanique. "Les crimes commis sont en général le fait de jeunes néonazis, de cas sociaux ou pathologiques, animés par un sentiment profond de haine à l’égard de la société et de la religion", insiste M. Bobineau.

Le chercheur reconnaît en revanche la pratique du "braconnage satanique". Ce terme recouvre les "tâtonnements identitaires" pratiqués par les adolescents "en phase de construction", qui pensent trouver dans cette "contre-culture" des "repères en opposition à la société" : "Aujourd’hui, dans le dispositif global de repères et de balises, il y a le satanisme, qui relève d’un imaginaire omniprésent et de plus en plus accessible : groupes de musique, jeux vidéo, séries télévisées, publicités de grandes marques. Certains jeunes à un moment donné y trouvent un sens."

Selon le chercheur, la vigilance des autorités doit se porter "sur les individus qui développent des thèses fascisantes et qui tâchent de confisquer la figure millénaire de Satan". En 2006, la Miviludes a publié sur le sujet Les Dérives sataniques, guide pratique de l’enquêteur, un livret destiné aux services de justice, de police et de gendarmerie.

Stéphanie Le Bars

Article paru dans l’édition du 18.03.08.

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