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Point de vue

En finir avec l’élitisme scolaire

LE MONDE | 22.01.07 | 14h23

mercredi 24 janvier 2007, par François DUBET

C’est la tribune de François Dubet dans Le Monde “En finir avec l’élitisme scolaire” qui va constituer l’essentiel de cette chronique. Celui-ci interpelle non seulement les candidats à l’élection présidentielle, mais aussi l’ensemble des acteurs de l’école. Il commence par repérer trois illusions dont il faut se déprendre.

1re illusion : “le salut dans le passé”. Il fustige les déclinologues de l’école et tous ceux qui font des succès de librairie en surfant sur la vague nostalgique et la dénonciation d’un “complot pédagogiste”. La deuxième illusion est celle de la croyance en l’égalité des chances qui, dans les discours, masque souvent un élitisme laissant peu de place à ceux qu’il appelle les “vaincus” . Selon lui “cette politique ne dit rien du sort qui sera réservé à la masse des élèves les moins favorisés et les plus faibles, à moins que l’on considère qu’ils ne devront s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils n’ont pas eu assez de mérite pour être du côté des vainqueurs. Il n’est pas étonnant que les plus libéraux et les républicains les plus rigides s’accordent sur une politique qui ne se soucie que de l’équité du recrutement des élites.”

Troisième illusion : considérer que tout est affaire de moyens. Ce qui conduit souvent certains à refuser d’envisager qu’il faille aussi changer l’école. La question des moyens doit impérativement être pensée en lien avec les transformations des pratiques pédagogiques qu’ils doivent permettre.

Au final, on retrouvera dans ce texte, qui par bien des côtés rejoint les prises de position du CRAP-Cahiers Pédagogiques , la problématique des finalités de l’école.

Faut-il une école de l’élitisme et de la méritocratie ou une école qui permette (à différents niveaux) la réussite de tous ? Peut-on accepter qu’il y ait actuellement une école à deux vitesses ? Doit-on raisonner en termes d’égalité ou d’équité ? Faut-il forcément qu’il y ait des “vainqueurs” et des “vaincus” ?

Un autre aspect abordé dans ce texte mérite d’être signalé. C’est lorsque François Dubet nous appelle aussi à ne pas rester “scolaro-centré” et à considérer que “la formation scolaire (doit) s’articuler à d’autres types d’apprentissage” et que tout ne soit pas joué à la sortie des études. La formation tout au long de la vie doit être une réponse aux risques de déclassement et aux transformations de l’emploi.

Alors pour faire évoluer l’école, il faut, bien sûr, se déprendre des illusions évoquées plus haut, mais aussi sortir de l’ “autisme national” et aller observer ailleurs plutôt de regarder derrière nous...

En résumé, un texte d’une grande richesse et qui nous invite à la fois à la réflexion et à l’action.

Philippe Watrelot, Cahiers pédagogiques


En finir avec l’élitisme scolaire, par François Dubet

Les candidats à l’élection présidentielle parlent enfin de l’école et de l’éducation. Il faut s’en réjouir. Mais, pour le moment, les grandes déclarations ne laissent guère apparaître de projets véritables et de perspectives à long terme. Il est vrai que tout invite à la prudence dans un domaine où les projets de réforme, y compris les plus timides, préparent souvent des petits matins difficiles. Pourtant, la sagesse n’explique pas tout car, face à l’école, nous vivons sur un certain nombre d’illusions.(...)

Première illusion : le salut est dans le passé. L’air du temps est au conservatisme, voire aux appels réactionnaires à un âge d’or d’autant plus enchanté qu’il n’existe que dans la nostalgie des images d’Epinal.(...)

Deuxième illusion : il n’est d’autre justice que l’égalité des chances.(...) cette politique ne dit rien du sort qui sera réservé à la masse des élèves les moins favorisés et les plus faibles, à moins que l’on considère qu’ils ne devront s’en prendre qu’à eux-mêmes s’ils n’ont pas eu assez de mérite pour être du côté des vainqueurs.(...)

Troisième illusion : tout est affaire de moyens.(...) Sans doute faut-il des moyens et faut-il les répartir de manière plus équitable et plus efficace, mais il y a quelque illusion à croire que l’école surmontera ses difficultés de cette manière, surtout quand les comparaisons internationales montrent que l’école française n’est pas parmi les plus pauvres ni les plus avares.(...)

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