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directrice de casting

Margot CAPELIER (1911 - 2007)

LE MONDE, 16.02.07

mercredi 21 février 2007, par Antoine MICHELOT

Marieuse de talents, elle a choisi les acteurs de nombreux chefs-d’oeuvre du cinéma français

La directrice de casting Margot Capelier est morte le 11 février à Paris, à l’âge de 96 ans.

Née Marguerite Leibowitch en 1911, celle que l’on surnommait « la Reine Margot » avait été élevée rue des Fontaines-du-Temple, dans le douzième arrondissement de Paris, dans une famille d’immigrés russes qui parlaient le yiddish. « Un nom impossible que mon prof de français écorchait, et en plus j’étais ingrate, pas belle, racontera-t-elle. Je m’en suis sortie mais avec un mal inimaginable. »

Elle voulait faire du théâtre. Elle se retrouva à 15 ans assistante-vendeuse dans une maison de couture. Malheureuse. Mais elle était « assez marrante », et « je menais les gens par le bout du nez ». Elle découvre le théâtre ouvrier, envoie une photo au groupe Octobre, se retrouve engagée par les frères Prévert.

La voilà comédienne, prête à taper un texte pour Jacques Prévert, et fréquentant toute sa bande au Flore, « notre cantoche » : Roger Blin, Marcel Duhamel, Paul Grimault, Raymond Bussières... C’est là aussi qu’elle rencontre son futur mari, le décorateur de cinéma Auguste Capelier.

Blanchisseuse dans Le Crime de Monsieur Lange, de Jean Renoir, figurante dans Drôle de drame, de Marcel Carné, elle remplace une scripte (toujours grâce à Prévert), se retrouve secrétaire de production sur un film de Jean Delannoy, puis sur Les Enfants du paradis, de Marcel Carné ( « Pendant le tournage, Arletty me disait : « Margot, faut pas être triste, les choses vont changer. » Le film terminé, dix minutes après mon départ, les Allemands arrêtaient tout le monde »). La vie continue : Les Portes de la nuit, Les Amants de Vérone, des excès d’alcool, des rencontres, dont celle de Julien Carette, avec lequel elle est « copine comme tout ».

Elle avait appris l’anglais à 14 ans. Cela lui permet de travailler sur des films étrangers, de côtoyer Burt Lancaster, Tony Curtis, de danser avec Gene Kelly. Pour un film de Carol Reed, Trapèze (1955), elle doit trouver des numéros de cirque chez Bouglione, s’engueule avec le producteur : « Je lui ai dit : « Monsieur, je ne veux travailler gratuitement ni pour M. Goldwyn ni pour M. Mayer ni pour vous ! » »

DE LOSEY À CHÉREAU

Au fil des ans, assistante de production puis régisseur général ( « J’ai fait tout le périple »), elle est amenée à « faire le casting » des films. Une fonction floue, à l’époque. Au début, elle est chargée de trier les tout petits rôles, « et puis les Américains sont arrivés, et, eux, ils ne travaillent pas sans casting-director. Ils ont déclaré que j’étais d’une intelligence exceptionnelle ».

Elle a débuté en brassant des photos, enchaîné sur la vidéo. Margot Capelier ne faisait pas jouer les acteurs, elle les interviewait pour dégager les principaux traits de leur personnalité, orientait l’entretien vers les caractéristiques du personnage à interpréter. Un test, pour vérifier si l’acteur a une présence à l’écran. Dans son immense filmographie, on compte Lady L, de Peter Ustinov, Monsieur Klein, de Joseph Losey, La Double Vie de Véronique, de Krzysztof Kieslowski, Ceux qui m’aiment prendront le train, de Patrice Chéreau. Elle joua son propre rôle dans Grosse fatigue, de Michel Blanc (1994).

Celle qui aura quasiment inventé le métier disait : « Arrêtons de vendre des acteurs comme des lessives, on n’a pas le droit de faire ça, c’est fragile un acteur, c’est superbe une actrice. Il faut les respecter. »

Jean-Luc Douin

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