Hacked By Awad Sahar
Accueil du site > Hacked By Awad Sahar > Littératures > Françoise d’EAUBONNE (1920 - 2005)

Nécro

Françoise d’EAUBONNE (1920 - 2005)

Une figure du féminisme français

samedi 13 août 2005, par Antoine MICHELOT

ÉCRIVAINE et pionnière du mouvement féministe des années 1970, Françoise d’Eaubonne est morte, mercredi 3 août, à Paris. Elle était âgée de 85 ans. Tour à tour journaliste, enseignante, romancière, elle obtient le Prix des lecteurs en 1947 pour son premier roman, Comme un vol de gerfauts, édité cette année-là par Denoël. Suivront Les Tricheurs, en 1960, Y a-t-il encore des hommes, en 1965.

Elle inaugure, en 1944, avec Le Coeur de Watteau, une longue série de biographies. Elle en publiera dix, dont une Vie de Mme de Staël, La Couronne de sable, consacrée à l’aventurière Isabelle Eberhardt, et celles des poètes Arthur Rimbaud et Paul Verlaine.

Essayiste de renom, Françoise d’Eaubonne n’a jamais dissocié son travail d’écrivain, exceptionnellement prolifique, et sa vie militante, inaugurée à l’orée de la seconde guerre mondiale, quand elle s’engage dans la Résistance dans le sud-ouest de la France.

Née le 12 mars 1920 à Toulouse, cette figure iconoclaste de l’intelligentsia française est le troisième enfant d’un anarchiste chrétien, le comte Etienne d’Eaubonne, originaire de Bretagne, et d’une fille de chef carliste, Rosita Martinez Franco. Françoise d’Eaubonne décrit, avec une crudité peu habituelle pour l’époque, sa vie d’adolescente sous l’Occupation, dans Chienne de jeu nesse (Julliard, 1966).

Après un court passage dans les rangs du Parti communiste, à la Libération, elle milite ardemment contre la guerre d’Algérie - et figure, à ce titre, parmi les signataires du Manifeste des 121, paru en septembre 1960, qui proclamait le droit à l’insoumission pour les conscrits.

La lecture du livre de Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, publié en 1949, la bouleverse et la révèle au combat féministe. Cofondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF), dans le courant des années 1960, elle lance, en 1972, avec l’écrivain et journaliste Guy Hocquenghem, le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR).

Dans les années 1970, elle publie ses essais les plus remarqués, parmi lesquels Les femmes avant le patriarcat (Payot, 1976) et Le féminisme ou la mort (Pierre Horay, 1974). Dans cet essai, largement commenté par la critique, elle « clame vigoureusement la vitale nécessité de l’uto pie », écrit Dominique Desanti ( Le Monde daté 5-6 mai 1974).

AMIE DE MICHEL FOUCAULT

Mère de deux enfants, Françoise d’Eaubonne annonce, en 1976, dans les colonnes du quotidien Libération, son mariage, à cinquante-six ans, avec « le détenu Pierre Sanna, matricule 645 513, à Fresnes, condamné à vingt ans de prison pour un meurtre qu’il n’a pas commis ».

Amie de Michel Foucault, on la retrouve, l’année suivante, à la tribune de la Mutualité, aux côtés du comédien Guy Bedos et du chanteur Yvon Dautin, pour demander l’abolition de la peine de mort.

Provocante, courageuse et souvent véhémente, Françoise d’Eaubonne crée, en 1978, le mouvement Ecologie-Féminisme - qui aura peu d’écho en France. Il aura plus de succès en Australie et aux Etats-Unis, où une chaire a été créée sur cette question. Françoise d’Eaubonne y sera fréquemment invitée, pour y tenir des conférences.

Faite chevalière des arts et lettres, Françoise d’Eaubonne sera incinérée, mardi 9 août, à 9 h 45, au crématorium du Père Lachaise, à Paris.

Catherine Simon

Le Monde 06.08.05

Voir en ligne : Françoise d’Eaubonne, femme réfractaire

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0