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Le blog de Bernard Collot
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3 janvier 2008

Finlande

Il m’est arrivé de citer fréquemment la Finlande et son système éducatif, champion du monde en ce qui concerne ses résultats. J’ai eu la chance, il y a quelques années, de côtoyer des enseignants et universitaires finlandais au cours d’une rencontre européenne « Erasmus » et, comme par hasard, malgré la barrière de la langue, c’était avec eux que j’étais le plus en phase. Et pour cause !

Pour celles et ceux que cela intéresse, je signale le passionnant rapport fait par un principal de collège du Gard, Paul ROBERT, qui a voulu aller voir sur place pourquoi cela marchait si bien. (ici) ainsi qu’une réflexion de Laurent CARLE, psychologue scolaire, à ce propos : (là)

Résumé du système finlandais qui, finalement, a beaucoup de ressemblances avec ce que préconisait en France le fameux plan Langevin-Wallon en 1945… et qui n’a jamais été mis en route. Soixante ans de perdus et probablement encore beaucoup à se farcir de fausses ruptures !

Ecole fondamentale de 7 à 16 ans (sans rupture à la française entre primaire et secondaire) : pas d'enseignement prématuré, pas de forçage

Pas de cours magistral

Le dialogue maître-élèves passe avant le monologue magistral

Journée de classe plus courte

Peu de travail à la maison

L'école est un service public. Les professeurs sont au service des usagers (les élèves et leurs familles), ils dialoguent directement sans intermédiaire (conseiller de "vie scolaire", assistante sociale ou psychologue). Les problèmes ne sont soumis aux parents que lorsque la recherche de solution directe par le dialogue avec l'élève n'a pas abouti (et en ce cas l'élève n'est pas tenu à l'écart de l'entretien)

Les élèves participent activement à la construction du sens et des savoirs

C'est à chacun de choisir son chemin pour parvenir à la connaissance (tous les chemins sont respectés et légitimes)

Les conduites d'apprentissage ne sont pas moralisées. L'échec n'est pas attribué à une insuffisance de travail, à une résistance ou à un refus des savoirs. Il n'est pas l'indicateur de l'immoralité de l'élève. La réussite n'est pas le révélateur de sa "bonne volonté". L'humiliation n'est pas une arme pour stimuler les "mauvais élèves". On accorde toujours une deuxième chance de réussir un test raté.

L'hétérogénéité est la norme

Pas de compétition

Pas de notation chiffrée avant 13 ans (et quand des notes chiffrées sont enfin données, elles sont étalées sur une fourchette réduite entre 4 et 10). Aucune note ne venant "récompenser l'effort", l'élève ne "travaille" pas pour la note.

Pas de redoublement

Pas de filière

Pas d'orientation par défaut, c'est l'élève qui choisit

Pas d'examen en fin de cursus fondamental (type BEPC)

Le partage des savoirs par la coopération entre élèves est la norme (ce qui exclut la compétition)

L'école est la maison des élèves, ils s'y sentent chez eux, ni intrus, ni otages.

L'espace scolaire n'est pas un territoire réservé.

Bref, l'élève est au centre du système et la pédagogie est la préoccupation première des enseignants. 

(…) Entre système scolaire finlandais et système français il y a le même écart qu’entre une république parlementaire et une monarchie de droit divin. Là-bas, concordance entre système scolaire et démocratie, ici, contradiction frontale du système scolaire avec le régime politique et les principes de la République. 

(...)

Alors qu’en France, le maître et les savoirs sont depuis toujours au centre du système, les Finlandais ont fait le choix sans ambiguïté d’y placer l’élève.

Estime et considération lui sont accordées sans préalable. Le respect des droits de l’homme et de l’enfance sert de loi organique à tout le système. Là où les élèves sont bien dans leur peau, les profs aussi. Le bonheur des uns fait le bonheur des autres. Et contrairement aux prédictions calamiteuses de nos gardiens du temple, quand les élèves sont heureux, épanouis, libres d’avancer à leur rythme, « le niveau monte ».

Commentaires
T
Comment ça ? <br /> Tu ne connais pas L&L ou les alphas ? <br /> <br /> Incroyable ... <br /> :ange:
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B
précise !
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T
Bijour,<br /> <br /> <br /> tu en penses quoi des alphas ? <br /> Tu en penses quoi de L&L ?<br /> <br /> :ange:
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B
Les pédagogies modernes sont tout le contraire du laxisme ! Les "coups de gueule" n'y sont pas interdits et j'en ai moi-même proféré quelques-uns ! Elles ne se plient pas aux desidératas des mômes, elles placent l'enfant comme source de ses apprentissages... mais pour cela il faut qu'elles puissent placer l'enfant dans les conditions où il peut être cette source. L'enseignant n'y est ni un copain, ni un frère, ni un père. Il doit y assumer sa fonction, y compris comme dernier rempart. Les enfants qui proviennent d'une pédagogie classique et qui se retrouvent dans une classe "moderne" passent très souvent une période difficile au début parce que la liberté qu'ils peuvent y vivre n'est effective que dans une construction collective plus complexe et devant être assumée. Un joli sujet de thèse : la liberté dans une classe freinet ou autre !<br /> Comme dans la pédagogie classique, il y a des dérives de ceux qui appliquent ou s'en réclament, mais celles-ci ne doivent pas être prise comme représentatives.
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Z
OrangeCannelle : je saisis bien la différence. Je trouve que certaines pédagogies cèdent trop facilement devant les desideratæ de l'enfant. Expliquer, c'est bien. Mais quand le dialogue ne suffit plus, l'autorité affirmée, sans autoritarisme, celle qui sait affirmer le "non" par sa position "sociale", est le dernier rempart. Trop de temps perdu à négocier quand un coup de gueule bien placé (et non pas bien senti) en dit plus long que les longs discours qui sont souvent faits par des adultes pour des adultes, et que les enfants ne perçoivent pas toujours, loin s'en faut.
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