Finlande
Il m’est arrivé de citer fréquemment la Finlande et son système éducatif, champion du monde en ce qui concerne ses résultats. J’ai eu la chance, il y a quelques années, de côtoyer des enseignants et universitaires finlandais au cours d’une rencontre européenne « Erasmus » et, comme par hasard, malgré la barrière de la langue, c’était avec eux que j’étais le plus en phase. Et pour cause !
Pour celles et ceux que cela intéresse, je signale le passionnant rapport fait par un principal de collège du Gard, Paul ROBERT, qui a voulu aller voir sur place pourquoi cela marchait si bien. (ici) ainsi qu’une réflexion de Laurent CARLE, psychologue scolaire, à ce propos : (là)
Résumé du système finlandais qui, finalement, a beaucoup de ressemblances avec ce que préconisait en France le fameux plan Langevin-Wallon en 1945… et qui n’a jamais été mis en route. Soixante ans de perdus et probablement encore beaucoup à se farcir de fausses ruptures !
• Ecole fondamentale de 7 à 16 ans (sans rupture à la française entre primaire et secondaire) : pas d'enseignement prématuré, pas de forçage
• Pas de cours magistral
• Le dialogue maître-élèves passe avant le monologue magistral
• Journée de classe plus courte
• Peu de travail à la maison
• L'école est un service public. Les professeurs sont au service des usagers (les élèves et leurs familles), ils dialoguent directement sans intermédiaire (conseiller de "vie scolaire", assistante sociale ou psychologue). Les problèmes ne sont soumis aux parents que lorsque la recherche de solution directe par le dialogue avec l'élève n'a pas abouti (et en ce cas l'élève n'est pas tenu à l'écart de l'entretien)
• Les élèves participent activement à la construction du sens et des savoirs
• C'est à chacun de choisir son chemin pour parvenir à la connaissance (tous les chemins sont respectés et légitimes)
• Les conduites d'apprentissage ne sont pas moralisées. L'échec n'est pas attribué à une insuffisance de travail, à une résistance ou à un refus des savoirs. Il n'est pas l'indicateur de l'immoralité de l'élève. La réussite n'est pas le révélateur de sa "bonne volonté". L'humiliation n'est pas une arme pour stimuler les "mauvais élèves". On accorde toujours une deuxième chance de réussir un test raté.
• L'hétérogénéité est la norme
• Pas de compétition
• Pas de notation chiffrée avant 13 ans (et quand des notes chiffrées sont enfin données, elles sont étalées sur une fourchette réduite entre 4 et 10). Aucune note ne venant "récompenser l'effort", l'élève ne "travaille" pas pour la note.
• Pas de redoublement
• Pas de filière
• Pas d'orientation par défaut, c'est l'élève qui choisit
• Pas d'examen en fin de cursus fondamental (type BEPC)
• Le partage des savoirs par la coopération entre élèves est la norme (ce qui exclut la compétition)
• L'école est la maison des élèves, ils s'y sentent chez eux, ni intrus, ni otages.
L'espace scolaire n'est pas un territoire réservé.
Bref, l'élève est au centre du système et la pédagogie est la préoccupation première des enseignants.
(…) Entre système scolaire finlandais et système français il y a le même écart qu’entre une république parlementaire et une monarchie de droit divin. Là-bas, concordance entre système scolaire et démocratie, ici, contradiction frontale du système scolaire avec le régime politique et les principes de la République.
(...)
Alors qu’en France, le maître et les savoirs sont depuis toujours au centre du système, les Finlandais ont fait le choix sans ambiguïté d’y placer l’élève.
Estime et considération lui sont accordées sans préalable. Le respect des droits de l’homme et de l’enfance sert de loi organique à tout le système. Là où les élèves sont bien dans leur peau, les profs aussi. Le bonheur des uns fait le bonheur des autres. Et contrairement aux prédictions calamiteuses de nos gardiens du temple, quand les élèves sont heureux, épanouis, libres d’avancer à leur rythme, « le niveau monte ».