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Les dix commandements de la correspondance télématique

Bernard COLLOT, Roger BEAUMONT

dimanche 18 septembre 2005, par Bernard COLLOT (Date de rédaction antérieure : 2 septembre 1985).

LES 10 COMMANDEMENTS DE LA CORRESPONDANCE TÉLÉMATIQUE, Bernard COLLOT, Roger BEAUMONT, Le 2 septembre 1985

 1 - Le réseau

Quand tu entres dans un réseau I.C.E.M., tu n’accèdes pas à un service mais tu viens participer à une expérience collective et, à quelque stade qu’elle soit, tu devras en permanence contribuer à sa construction.

 2 - Le temps

Tu devras donner du temps aux enfants pour qu’ils puissent saisir peu à peu dans l’année ce qu’est un réseau, qui sont les autres et ce que veut dire communiquer.

Tu devras donner du temps dans l’année pour que peu à peu les informations venant de l’extérieur influent sur la vie et la structure de la classe.

Tu devras donner du temps dans la journée pour que les informations arrivant de l’extérieur (télématique, journaux, courrier) ou de l’intérieur (conseil, entretien) puissent être lues, analysées et leur suivi organisé.

Si tu dois réagir à une information, tu ne devras pas perdre de temps car les réponses qui arrivent quinze jours ou un mois plus tard ne font qu’encombrer le réseau. Tu dois comprendre que la classe qui a posé une question doit boucler son travail dans un temps déterminé car elle n’a pas que cela à faire et parce qu’on ne peut maintenir l’intérêt pour un sujet éternellement.

 3 - Le respect des autres

La télématique est un instrument puissant mais dont il faut user avec discernement sous peine de se voir rejeté par les autres. Chaque fois que tu vas diffuser une info pense à ceux qui vont la recevoir.

A-t-elle un intérêt ? Poser une question dont la réponse est dans le dictionnaire fait perdre du temps et de l’argent aux autres et de la crédibilité aux messages futurs. Vont-ils la comprendre ? Envoyer à tout le réseau une réponse à une question qui a été envoyée à ta seule classe va plonger les autres dans un abîme de perplexité et peut provoquer à la longue un découragement.

Est-elle bien destinée à ceux qui peuvent la comprendre ? CP recevant de longs débats sur le viol ou la drogue ou lycéens découvrant des séries de messages sur l’addition à un chiffre.

Il faut avoir à l’esprit que si le réseau bénéficie des actes de chacun, il en subit aussi les conséquences. C’est un apprentissage de la démocratie long et laborieux.

 4 - A qui répondre ?

Toute réponse doit être adressée exclusivement à la classe ou au groupe de classes concerné. C’est à la classe qui a provoqué les échanges sur un thème de mettre en liaison l’ensemble de celles qui ont répondu à son appel en leur communiquant la liste qu’elle se sera constituée.

 5 - L’utilisation des listes de diffusion

Après une période de découverte et de présentation, tu devras constituer tes propres réseaux grâce aux listes de diffusion. Cette démarche est absolument indispensable pour garantir une efficacité maximum et le maintien d’un intérêt élevé pour cette forme de communication. La liste de diffusion générale doit être utilisée avec prudence pour garantir que les messages seront effectivement lus.

 6. Tu devras lire ta BAL quotidiennement

Ne crois pas faire des économies en ne la lisant qu’une fois par semaine. Il te faudra passer plus de temps et il te sera très difficile de gérer la masse de messages qui se sera accumulée. La caractéristique principale de la télématique est de transmettre des infos rapidement et d’obtenir tout aussi vite des réactions.

 7 - Tu devras répartir tes messages dans le temps

N’envoie jamais dix messages au même correspondant le même jour car le dixième a peu de chance d’être lu et exploité.

Attention à ne pas envoyer des questions "en rafale". Il vaut mieux les regrouper sur un écran.

De même n’envoie pas des réponses en série le même jour parce que l’expérience prouve qu’elles ne seront pas traitées correctement dans les classes à cause du phénomène de saturation.

 8 - Tu devras organiser ta classe

Il te faudra un plan de travail pour accepter une arrivée irrégulière et imprévisible d’informations. Matériellement cela te demandera de la place (tableau, mur, classeur) pour ventiler les messages et pour les archiver car il est important de retrouver les références pour comprendre parfois un nouveau message et organiser tes propres envois.

 9 - Tu devras apprendre à te servir du magazine télématique

(ce paragraphe est obsolète... Quoique ! On pourrait parler de la gestion des sites Web de classes ou d’écoles. Mais c’est une autre histoire pour l’instant.)

 10 - Tu devras prévoir

Que les informations télématiques vont induire d’autres formes de communication (journal, album, courrier, cassette, etc...) et tu devras utiliser le média le plus approprié à ce que tu veux communiquer. Tu comprendras très vite que la télématique ne peut être utilisée que dans un nombre réduit de situations et que, si tu te limites à ce seul outil, tu cours inexorablement à l’échec.

Voilà : la réussite n’est pas liée au nombre de messages échangés. Ne pas envoyer de messages n’est pas non plus une preuve d’échec. La souplesse du réseau permet de travailler à son rythme. Selon la sensibilité du moment, chaque classe peut être locomotive ou wagon. Il faut seulement prendre garde à ne pas encombrer les rails.

P.-S.

Je m’adresse ici à tous les déçus de la liste ACTICEM (liste de diffusion de classes Freinet par messagerie Internet) et à tous ceux qui souhaiteraient tenter avec leur classe l’aventure d’une réelle communication en réseau, vivante, assumée, active ET responsable.

Le but : créer un noyau d’une douzaine de classes dont les maîtres s’engagent à une stricte obédience au dogme ci-dessus. Je suis persuadé que nous sommes capables d’amorcer ainsi cette pompe à vie magnifique que peut devenir la liste ACTICEM et entraîner avec nous la dynamique qui s’était mise en roue libre depuis quelques temps.

YAPUKA !

J’ai lancé cet appel au Congrès de Nice.

Nous étions deux (oui, deux) à désirer voir le réseau de classes sortir de sa ronronante entropie (au sens "dégradation de l’énergie").

Sur Com-ICEM, aujourd’hui, je vous demande, si vous souhaitez tenter quelque chose, de le faire savoir. Quoi qu’il arrive, je m’engage à tenir au courant ceux qui auront fait signe de la suite des événements.

Philippe Bertrand (GD 56, Coopération Numérique et, sur Acticem, « Le Petit Anatole »)

2/09/2005

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