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5e été sans épilation : entrer en résistance

mardi 9 juin 2009

Contre le formatage et l’oppression des multinationales de la cosmétique sur les poils de notre corps.

"Soyez gentils, tolérez les différences" : un point de vue lénifiant et réducteur pourrait interpréter ainsi le combat en faveur de la pilosité naturelle et contre la discrimination des personnes qui conservent leurs poils. Mais nous serions alors bien loin des enjeux profonds de L’été sans épilation.

Car si la tolérance voudrait que "chacun fasse ce qui lui plaît", l’épilation n’est que rarement un "choix personnel". S’épiler, c’est se conformer à une puissante norme sociale, dont les origines sont à chercher tant dans l’intérêt économique de l’industrie cosmétique que dans la volonté de domestication des esprits et des corps. Tout écart à la norme est sanctionné par un contrôle social exercé par ceux-là même qui s’y soumettent. En témoigne le fait que tant de femmes n’oseraient en aucun cas se montrer non épilées. Comment alors affirmer que l’épilation est un choix personnel ? Cette contradiction entre le sentiment diffus de la pression sociale et l’affirmation que l’épilation est le reflet de notre "goût" et de notre "personnalité" est le propre de ce que l’on appelle l’aliénation.

L’aliénation, c’est une soumission qui s’ignore en tant que telle. C’est être esclave en se croyant libre. C’est aider l’oppresseur à nous opprimer. Ainsi la personne aliénée voit dans ses propres conduites de soumission (ex : l’épilation), l’expression de sa liberté personnelle et en même temps elle légitime et relaye la pression sur ses semblables.

Or la question du poil est une de celles où se révèle une aliénation d’autant plus profonde qu’elle touche l’intimité. Ce sont tout à la fois notre rapport au corps, notre rapport à la sexualité, et notre rapport à la nature, qui sont aliénés. Et l’enjeu de L’été sans épilation est bien de lutter contre cette aliénation généralisée qui témoigne de l’inquiétante évolution de notre société vers le totalitarisme.

Le simple fait que l’on n’ose pas se montrer avec ses poils est une raison suffisante pour les garder : c’est une question de santé mentale et politique. Il s’agit en effet de vaincre la peur qui paralyse l’action. Ainsi une personne qui prend conscience de ce qui la détermine objectivement à s’épiler, et, plus encore, qui prend la décision de refuser que le sort de sa pilosité échappe de la sorte à son libre-arbitre, entre en résistance. En effet c’est par la réappropriation de l’intime que commence la résistance politique. Le refus de l’épilation se construit ainsi comme acte politique.

Prenons conscience du fait qu’il existe encore en matière de poil un espace de liberté : il est légal de se montrer en public avec une pilosité visible. Ces libertés que l’on n’ose plus prendre, nous devons justement les prendre pour qu’elles continuent d’exister légalement. Le courage que cela nécessite, c’est celui dont nous avons besoin pour résister et pour reconquérir toutes les libertés perdues.

Voir en ligne : Mouvement International pour une Écologie Libidinale (M.I.E.L.)

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