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Comment développer les alternatives à l’expérimentation animale en Europe. Par Catherine Vincent

LE MONDE | 09.12.09

mercredi 9 décembre 2009

Quelles alternatives, quelle éthique et quelle gouvernance pour l’expérimentation animale en Europe ? Mercredi 9 novembre, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques rend public, en France, un rapport sur ce thème, qui tombe à point nommé. La révision de la directive européenne de 1986, relative à la protection des animaux utilisés à des fins expérimentales, devrait aboutir d’ici à la fin de l’année. Et ce, dans un contexte caractérisé par deux aspirations – en partie antinomiques – exprimées par les citoyens européens comme par les autorités publiques : l’exigence de sécurité vis-à-vis de nombreux produits (aliments, médicaments, etc.) qui requièrent la réalisation de tests biologiques et l’exigence éthique visant à réduire l’utilisation des animaux de laboratoire.

Réalisé par Michel Lejeune, député (UMP) de Seine-Maritime, et Jean-Louis Touraine, député (SRC) du Rhône, le document français avait pour objet d’examiner les principes applicables en Europe à l’expérimentation animale et aux méthodes qui lui sont alternatives.

Après une trentaine d’auditions et plusieurs missions réalisées à l’étranger, les recommandations formulées par les rapporteurs sont nettes : si le recours au modèle animal (y compris, dans certains cas, aux primates non humains) reste "incontournable pour améliorer et protéger la santé des hommes et des animaux, préserver la biodiversité et comprendre les mécanismes du vivant", les efforts visant à rationaliser l’utilisation d’animaux dans la recherche, tant fondamentale qu’appliquée, "doivent aujourd’hui être rendus plus visibles et doivent être renforcés".

12,1 MILLIONS D’ANIMAUX UTILISÉS

Une priorité d’autant plus urgente que la nouvelle réglementation européenne sur les substances chimiques (règlement Reach), entrée en vigueur en 2007, prévoit de tester environ 30 000 produits d’ici à 2018. Pour éviter une explosion du nombre de tests réalisés sur les animaux – selon les estimations, on évoque une fourchette de un à plusieurs dizaines de millions de tests –, sa mise en œuvre suppose notamment "l’engagement de nouvelles recherches dans le domaine de la toxicologie et de l’écotoxicologie".

D’après les statistiques les plus récentes de la Commission européenne (novembre 2007), 12,1 millions d’animaux ont été utilisés à des fins expérimentales en 2005 (des rongeurs pour les trois quarts), au sein des 27 Etats membres. Le secteur de la santé (humaine surtout, mais aussi vétérinaire) se taille la part du lion, puisque 57,5 % de ces animaux sont employés à l’étude de maladies (contre 8 % pour des essais toxicologiques).

Un domaine dans lequel beaucoup de progrès restent à faire. A l’image de ceux réalisés par l’industrie des cosmétiques : la réglementation européenne, qui y interdit depuis 2003 l’expérimentation animale pour tester des produits de beauté, a entraîné une avancée des méthodes de modélisation cellulaire et moléculaire.

A défaut de supprimer les expérimentations, comment réduire le nombre de vies animales sacrifiées sur l’autel de la recherche biomédicale ? Et quelle politique nationale préconiser pour la France, où 60 % des projets soutenus par l’Agence nationale de la recherche (ANR) dans le secteur des biotechnologies et de la santé utilisent des animaux ?

"Les différents organes de recherche et agences de financement doivent désormais intégrer dans leur stratégie la nécessité d’une meilleure maîtrise de l’expérimentation animale", insistent les rapporteurs, pour qui doivent, en particulier, être soutenues les recherches utilisant des cellules souches humaines ou des organes artificiels ou virtuels.

Aux pouvoirs publics, ils recommandent également d’inciter "l’échange de résultats négatifs entre les chercheurs" (afin d’éviter la répétition d’études non publiées). Aux laboratoires privés, et pour les mêmes raisons, de constituer "des systèmes d’échanges de données sécurisés". A tous, enfin, l’Office parlementaire suggère de créer "un prix prestigieux, d’un montant de l’ordre de 10 000 à 20 000 euros", qui couronnerait chaque année les résultats de travaux collaboratifs sur les méthodes alternatives à l’expérimentation animale.

Catherine Vincent

Article paru dans l’édition du 10.12.09.

Voir en ligne : Le Monde

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