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Le Figaro Magazine au secours de la syllabique

À quelle méthode se fier ?, par Véronique GROUSSET

Le Figaro Magazine, 28 janvier 2006

vendredi 3 février 2006

Incroyable mais édifiant : il se vend entre 80 000 et 100 000 exemplaires chaque année de la Méthode Boscher, un manuel de lecture syllabique, publié pour la première fois en 1905, jamais réactualisé depuis. Et si tant de parents l’achètent, c’est évidemment parce qu’ils doutent des capacités réelles de lecture de leurs enfants... non sans raison. Tous les manuels utilisés de nos jours dans les écoles - à l’unique exception de Lire avec Léo et Léa, dont la diffusion demeure confidentielle - sont en effet à départ global ou semi-global.

A départ seulement, et c’est pourquoi on les appelle « mixtes ». Mais qu’il s’agisse de Ratus, de Gafi, de Crocolivre, de Boule et Bill, d’Abracadalire ou de Lecture en fête, ces ouvrages présentent tous l’inconvénient de mettre la charrue avant les boeufs, et d’introduire autant de confusion que d’ennui dans la tête des élèves. Conformément aux programmes de 2002 (toujours en vigueur), les écoliers sont en effet invités à mémoriser photographiquement un grand nombre de « mots outils », avant d’apprendre les lettres, les syllabes, et les sons. Lorsqu’ils arrivent enfin au stade du déchiffrage (certains élèves de CP n’y sont pas encore aujourd’hui : fin janvier !), et persuadés de « savoir lire », beaucoup ne font pas l’effort d’apprendre à différencier le son « oi » de « on », ni celui de comprendre pourquoi « il » ne se prononce pas - et ne s’écrit pas - comme « li ». Ceux-là (un sur cinq, au moins) continuent comme avant, en survolant les mots jusqu’à ce qu’ils en « reconnaissent » un, en les devinant grâce aux images, ou en répétant les phrases que le maître vient d’énoncer à voix haute. Ils ne lisent pas, ils font semblant. Une imposture dont leurs instituteurs ne s’aperçoivent parfois qu’en CE2, et leurs parents en les entendant « lire » un texte différent de celui qu’ils ont sous les yeux !

Mieux vaut donc être vigilant. En sachant qu’apprendre l’alphabet et les syllabes élémentaires aux petits avant leur entrée au CP ne suffit pas forcément ; après plusieurs semaines de méthode globale, certains enfants qui déchiffraient très bien les panneaux dans les rues ne reconnaissent plus leur prénom. Mais en sachant aussi, inversement, qu’il n’y a pas lieu de s’affoler si le manuel utilisé par l’enfant est « mixte ». Tous le sont, et le maître l’a peut-être « modifié » ; ils sont en effet nombreux à démarrer par la syllabique avec des fiches qu’ils confectionnent eux-mêmes, et à ne se servir du manuel que lorsque les enfants sont capables de le déchiffrer. Mais si tel n’est pas le cas, les parents qui en ont les moyens (du temps, un peu d’argent, et surtout la maîtrise de la langue française ; ce qui explique sans doute en partie le retard plus important des enfants d’origine étrangère) doivent se résoudre à prendre le relais, en s’aidant d’un manuel acheté dans le commerce.

En plus de la Méthode Boscher et de Léo et Léa, déjà cités, tous deux publiés chez Belin, l’association SOS Education * en signale trois : J’apprends à lire avec Sami et Julie (Hachette, 2004), Méthode Delile (Hatier, 1999) et Mamadou et Bileta (Edicef, rédigé en 1934 à l’usage des anciennes colonies !). Très utile aussi, le livre du docteur Wettstein-Badour, Bien parler, bien lire, bien écrire, aux éditions Eyrolles), qui n’est pas un manuel, mais qui explique clairement comment faire, étape par étape, ainsi que les erreurs à ne pas commettre.

* Voir le site www.soseducation.com qui propose aussi une pétition d’instituteurs, médecins, parents et orthophonistes en faveur des méthodes de lecture à départ syllabique.

http://www.lefigaro.fr/magazine/200...

http://www.cafepedagogique.net/expr...

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